30% des sites classés au Patrimoine mondial sont menaçés par le braconnage

Normalement, dans les sites naturels classés au Patrimoine de l'Unesco, les bêtes ne peuvent être braconnées ou chassées. Et pourtant, si ! C'est ce que dévoile un rapport du WWF.


Le parc national d'Ujung Kulon (Indonésie) possède non seulement la plus belle et la plus vaste forêt de plaine qui subsiste sur l'île de Java mais forme surtout le dernier refuge d'une soixantaine de rhinocéros, gravement menacés d'extinction. C'est notamment ce qui a valu à ce site naturel exceptionnel de figurer sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco. Mais ce classement n'arrête malheureusement ni les balles des braconniers ni les tronçonneuses. D'après un rapport publié par l'association WWF, que nous dévoilons, près de 30 % des sites classés au Patrimoine mondial sont menacés par le braconnage, l'exploitation forestière et la pêche illégale.

«Mondialement connus pour la richesse de leur biodiversité, ces sites classés abritent des milliers de plantes et d'espèces rares, souligne la première organisation mondiale de protection de la nature. Par exemple, près d'un tiers des tigres à l'état sauvage vivent dans ces sites.» Mais «le prélèvement illégal» d'espèces convoitées par les trafiquants «compromet l'intégrité d'une partie des zones naturelles plus emblématiques».

Forêts en danger, éléphants massacrés...



Le WWF cite notamment «les forêts humides de l'Atsinanana à Madagascar, menacées par le commerce du bois de rose et de l'ébène, ou la réserve de gibier de Selous, en Tanzanie, touchée par le braconnage de l'éléphant». «Le classement au Patrimoine mondial de l'humanité souligne le côté universel, la valeur inestimable d'un site naturel pour nous et les générations futures, et cela inclut les animaux qui y vivent, souligne Stéphane Ringuet, responsable du programme commerce des espèces menacées au WWF France. Mais même au coeur de ces sites censés être des refuges, des bastions pour la faune sauvage, on voit bien que le classement Unesco n'est pas une sacro-sainte protection.»

L'association estime que le trafic des espèces sauvages menace désormais la quasi-totalité des 18 sites figurant sur la liste du Patrimoine mondial en péril. «Le braconnage des éléphants sévit ainsi dans plus de 60 % des sites du Patrimoine mondial abritant des éléphants d'Afrique et d'Asie, souligne le rapport. En Tanzanie, la réserve de Selous a perdu près de 90 % de ses éléphants depuis son inscription en 1982.» En moyenne, six pachydermes y ont disparu chaque jour entre 2010 et 2013.

L'exploitation forestière illégale met aussi de nombreuses espèces en danger et facilite l'accès aux braconniers. «A Madagascar, plus de 90 % des lémuriens se trouvent à présent au bord de l'extinction pour cette raison», indique le WWF. Enfin, si les animaux sont les premières victimes des trafics, le WWF estime qu'entre 2009 et 2016 au moins «595 gardes forestiers ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions».


Source: http://www.leparisien.fr/societe/les-animaux-meme-plus-proteges-dans-les-reserves-selon-un-rapport-18-04-2017-6862695.php


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